Bon Baiser de Bercy…

Pour tout un tas de raisons qui me sont personnelles et que je n’exprime pas le souhait d’expliquer et de développer ici, KISS est un groupe qui m’est particulièrement cher. L’un de ces fameux groupes de mon « top 10 perso », peut-être même plus que ça. Un groupe fantastique, donc je suis tombé amoureux dès notre premier contact, dont je me souviens d’ailleurs encore très bien… Imaginez un gentil canard, coincé dans son RER routinier, casque sur les oreilles. Un collègue de mon père, fan du groupe, m’avait filé une copie du Alive III, que je m’étais empressé de riper sur mon téléphone. Il m’aura suffi d’atteindre le premier couplet de Creatures of the Night, qui ouvrait le concert, pour tomber définitivement amoureux du groupe. Le baiser de la mort, sans doute.

Depuis, et contre vents et marées, je suis fan de KISS. C’est un des rares groupes dont je maîtrise la discographie sur le bout des doigts, discographie qui se trouve d’ailleurs intégralement sur mon étagère (à quelques lives près), le seul groupe dont j’ai acheté une compilation best-of juste pour deux titres inédits… Ouais, KISS me rend bête, qu’y puis-je ? Alors, quand ils annoncent que cette tournée sera la dernière, je ne tiens plus : je me dois d’y être. Oui, les places coûtent un bras. Oui, la voix de Paul Stanley se fait un peu faiblarde ces dernières années. Mais bigre, c’est KISS, je ne peux pas rater ça !

Me voilà donc, ce mardi soir, dans la fosse de Bercy (la salle est pleine, je précise), devant une scène colossale. Le décor est dingue, avec les quatre gigantesques statues des musiciens des deux côtés de la scène. Aucune idée de ce que valait la première partie, je ne l’ai pas vue. Aux dires de mes camarades d’infortune, c’était pas mal. Parlons-en, tiens, de mes camarades. J’avais rarement vu foule aussi disparate : des vieux d’la vieille, évidemment, venu pour leur dernier rodéo avec KISS, toujours sympathiques et prompts à raconter le premier concert du groupe auquel ils ont assisté, à se targuer de les avoir vus pendant les tournées « sans maquillage » ou à raconter quelque anecdote souvent fausse pour vanter les supposés mérites du groupe, un peu comme des gosses qui inventent moult histoires pour dire que leur papa, c’est le plus fort. Une très bonne compagnie, donc. On a aussi pas mal d’étrangers, venus en France : j’ai notamment échangé avec deux finlandais, venus jusqu’à Paris pour voir le concert parce que « rock’n’roll has no limit ». Et des enfants, en nombres, venus avec leurs parents pour voir ce joyeux cirque. Mention spéciale pour la petite de dix ans max, totalement noyée dans son t-shirt bien trop grand pour elle, maquillée comme Paul Stanley et qui a sans doute bien plus pris son pied qu’une bonne moitié de la salle : elle a passé les deux heures à crier et à applaudir. Trop cool.

Et, soudain, ce son. Celui qui met fin aux classiques du rock qu’on entendait depuis une petite demi-heure, déjà. LE son qu’on attendait. Celui qui annonce la suite. Débuts de frissons. Et le cri : « YOU WANTED THE BEST, YOU GOT THE BEST ! ». Bon sang, que j’ai rêvé d’entendre ça… et ça y est ! Chaque poil de mon corps est dressé, la chaire de poule est là, je suis dans un état second. « THE HOTTEST BAND IN THE WORLD : KIIIIIIIISS » ! Bam, boum, explosion, le riff de Detroit Rock City, et débarquent mes héros. Ca y est, je les vois, devant moi, ils sont vraiment là. Et c’est sans doute un peu con, mais ça me fout une claque gigantesque, une émotion indescriptible : je suis devant KISS !

Les tubes s’enchaînent : Shout It Out Loud, le redoutable War Machine, le tube Heaven’s On Fire… Les titans sont en forme, les costumes sont magnifiques, la scénographie est dantesque. A chaque morceau, le groupe dépense le PIB du Yémen en artifices. Simmons est tout bonnement impeccable : si la tonalité de ses chansons est souvent plus basse qu’avant, il est irréprochable, fait le show, chante toujours juste et fait le pitre, grimace et gesticule. Grosse surprise du côté de Paul Stanley : ces dernières années, j’en ai parlé plus haut, ce dernier avait un peu de mal à chanter. Forcément, quand on a passé 45 ans de sa vie à gueuler tous les soirs, allant souvent dans le suraigu, on a une grosse baisse de tessiture une fois passés les 65 ans. Mais pas ce soir. Sans être irréprochable, Paul assure, chante comme il faut. De toute façon, il demeure un des plus grands showmen du genre, toujours prompt à faire le con, à nous faire gueuler. Ces deux petits messieurs de plus de 70 ans ont le public entier à leur pied. Et les autres ? Singer fait un super taf à la batterie, pas mal de fills de partout, j’aime. J’ai entendu quelques pains du côté de Thayer dans les soli, mais le son de sa gratte est tellement noyé dans le brouhaha ambiant que ça passe. Ouais, ça, c’est un sacré défaut : le son était loin d’être bon.

Mais qu’importe, j’ai vu tout le folklore : les mouvements de guitares synchros lors du solo de Detroit, les blagues de cul peu subtiles, les vannes catastrophiques que se sont échangés Gene et Paul en français (oui oui) avant Dr Love, le solo de basse nul de Gene avec option crachat de sang, avant une super God of Thunder chantée depuis le plafond de Bercy, Paupaul qui fonce dans la fosse pour chanter Love Gun, Beth (nan, je plaisante, Beth, c’est chiant) et le final sur Rock And Roll All Nite, avec les feux d’artifices, les cotillons, les ballons géants, l’explosion de la guitare… J’ai vu tout ça. Comme un rêve, mais en vrai. Et j’ai hurlé tous les refrains, j’ai secoué la tête, j’ai tapé du pied et j’ai dégainé, un nombre incalculable de fois, les fameuses cornes que Gene dit avoir inventé. Quel pied.

Seule ombre au tableau, en plus du son vraiment pas dingo : la set-list, bien trop classique. Je comprends que ce soit la dernière tournée et qu’ils veuillent faire un best-of ultime. Mais justement. Pour la dernière, il aurait été de bon ton de dégainer quelques surprises, non ? J’ai été très surpris de les entendre jouer Psycho Circus, mais j’aurais aimé, je ne sais pas… Unholy ? Domino ? A World Without Heroes ? Et, mince alors, même pas de Strutter, le tube qui ouvre le premier album ? Franchement, on aurait très bien pu se passer de 100,000 Years ou, encore plus, de Beth ! Mais j’imagine qu’il fallait bien prévoir un titre pour que les gens aillent chercher une bière hihihi.

Mais qu’importe. J’ai pris une gigantesque mandale dans la gueule. Le concert était tout simplement magistral, j’ai pris mon pied. J’avais embarqué un pote avec moi, qui ne connaissait pas du tout le groupe (excepté I Was Made For Loving You, forcément) et il m’a avoué que, de tous les concerts de rock auxquels il a assisté, c’est celui qu’il a le plus aimé. Il m’a même confié, deux jours plus tard, avoir regardé chez lui leur concert du début d’année à Dubai et m’a demandé de lui faire une petite sélection de bons titres. La classe.

Donc voilà. C’était un moment très important pour ma petite vie et je n’ai pas été déçu. Pour tout te dire, ami lecteur, j’ai même eu l’outrecuidance de claquer quarante balles dans le t-shirt. Oui, oui. Alors maintenant, le monde peut s’effondrer, je peux me faire renverser par un camion, les aliens peuvent débarquer, la guerre peut éclater, Poutine peut tous nous faire sauter, je n’en ai plus rien à foutre : j’ai vu KISS, je peux mourir tranquille.

Laisser un commentaire

Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Retour en haut ↑

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer